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Journée Mondiale de l’Egalité des chances

L’égalité des chances est un enjeu social international. Dans le même cadre que la lutte contre les discriminations, l’égalité des chances est une manière d’assurer le bien-être social de ses citoyens. Le jeudi 26 novembre 2015, l’association internationale Different Leaders, luttant pour l’affirmation et l’application de l’égalité des chances, rédige un manifeste à l’origine de l’initiative de la journée mondiale de l’égalité des chances établit par la suite au 5 décembre de chaque année.

L’égalité des droits est résumé par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme dès la première phrase du préambule « Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde ». Mais il est à différencier du concept de l’égalité des chances qui, s’il est étroitement lié, est tout de même différent. Cette notion est plus explicitée dans la Déclaration sur le droit au développement humain de l’ONU datant de 1986. En effet, dans la proclamation de ce droit au développement humain, l’Assemblée générale de l’ONU déclare réaffirmer « que le droit au développement est un droit inaliénable de l’homme et que l’égalité des chances en matière de développement est une prérogative aussi bien des nations que des individus qui les composent ».

Mais qu’est-ce que l’égalité des chances ?

L’égalité des chances est un concept de valeur sociale. Il s’agit d’une exigence sociétale dont l’objectif est de prôner un monde plus équitable. L’égalité des chances touche tous les domaines, autant les caractéristiques économiques, religieuses, scolaires ou juridiques. Elle lutte contre les injustices et les discriminations dûes aux distinctions sociales.

Le concept fut abordé par John Rawls qui le théorisa dans son ouvrage La justice comme équité. Il parle du « principe de la juste égalité des chances » en « supposant qu’il y a une répartition des atouts naturels, ceux qui sont au même niveau de talent et de capacité et qui ont le même désir de les utiliser devraient avoir les mêmes perspectives de succès, ceci sans tenir compte de leur position initiale dans le système social ». La notion d’égalité des chances se rapproche de la notion d’équité, il part d’un constat que nous n’avons pas tous les mêmes dispositions socio-économiques de départ. Ces disparités doivent être complets afin de permettre à tous d’avoir les mêmes opportunités futures. Durant la Révolution Française, le concept d’égalité des chances était repris sous la forme de l’expression « Une carrière ouverte aux talents ». Par cela, on nie que les différences de situations ou de classes sociales doivent avoir une influence sur les possibilités d’avenir.  Par exemple, prenons deux lycéens possédant les mêmes résultats au baccalauréat, l’un venant d’une classe moyenne ouvrière lors qu’une classe aisée CSP+. Pour réussir dans la poursuite de leurs études supérieures, ils n’auront pas les mêmes égalités de départ.

Qui assure l’égalité des chances ?

Ainsi l’égalité des chances est une notion qui se rapporte à la dimension socio-économique et politique d’une société. De ce fait, dans une réflexion paternaliste libertarienne classique, l’égalité des chances est assurée par des services gouvernementaux. L’Etat possède le rôle crucial d’agir pour le bien commun et de s’assurer du bien-être de ses citoyens. Si l’on reprend l’exemple évoqué plus tôt, la solution apportée par l’Etat au nom de l’égalité des chances aurait été par exemple le versement d’une bourse d’étude permettant de pallier les différences économiques entre les deux individus.

En France, si l’égalité des chances est une notion souvent évoquée dans les législations et les discours politiques, il faut attendre 2006 pour qu’elle soit déclarée « grande cause nationale ». L’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) est créée afin de « contribuer à des actions en faveur des personnes rencontrant des difficultés d’insertion sociale ou professionnelle ». Elle fait suite à la loi n°2006-396 promulguée le 31 mars 2005 et se présente comme une réponse concrète face aux violentes manifestations dans les banlieues françaises en automne 2005. Cette loi se concentre sur l’égalité des chances dans le domaine professionnel ou encore de l’éducation en mettant en place par exemple des classes préparatoires dans les zone d’éducation prioritaires (ZEP) ou encore en créant le Service Civique Volontaire. Dans cette même dynamique le ministère de l’Education Nationale lança un appel à propositions envers les grands établissements d’études supérieures, ce qui mena à la création de dispositif tels que la Convention d’Education Prioritaire à Sciences Po ou encore « Une prépa, une grande Ecole, pourquoi pas moi ? » à l’ESSEC.

L’égalité des chances mène-t-elle à la discrimination positive ?

Mais pour certains, ce type de dispositifs promouvant l’égalité des chances produisent une discrimination positive. La discrimination positive pourrait être définit comme le fait de faire bénéficier à un groupe de personnes victimes de discrimination d’un traitement préférentiel temporaire. La volonté des discriminations positives est de rétablir un équilibre et une diversité. Il s’agit d’un concept développé durant les années 1960 et 1970 aux Etats-Unis afin de rectifier les conséquences socio-économiques de la ségrégation.

Une telle initiative fait ouvertement débat, elle se présente en France comme une transgression de l’égalité républicaine. En effet, la République française ne reconnaît aucune différence de traitement basée sur l’ethnie, la religion, le sexe ou le statut socio-économique. Or justement, la discrimination positive est une manière de lutter contre les discriminations et de lutter pour l’égalité en se basant sur une différence de traitement de l’individu selon sa situation.

On peut mettre en lien ces critiques de la discrimination positive avec ce que Patrick Savidan, Président de l’Observatoire des inégalités, dans Repenser l’égalité des chances, décrivait comme une conception individualiste de la notion d’égalité des chances. Cette vision empêche la société d’atteindre les objectifs de l’égalité des chances, au contraire elle ne fait que renforcer les inégalités.

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