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La place du sport dans les quartiers populaires

La place du sport dans les quartiers populaires

Le sport a longtemps été considéré comme une activité et un loisir réservé aux classes les plus aisées. Même si aujourd’hui la pratique sportive s’est grandement démocratisée, 64% des Français qui pratiquent au moins une fois par semaine une activité physique, le sport continue d’être une pratique inégalitaire (Les Chiffres clés du sport, 2017). En effet, le sport est une question de génération, de genre mais aussi de milieux sociaux. Certaines activités sportives peuvent être très coûteuses car elles nécessitent des équipements spécifiques comme le ski, le golf, le canoë ou bien même le polo. Mais Pierre de Coubertin, fondateur du Comité International Olympique, rappelle que l’idée d’insérer “les classes populaires grâce à la pratique sportive fait partie du mythe fondateur du sport depuis le début du XXe siècle”.

L’importance du sport

La pratique sportive est essentielle pour les jeunes, d’autant plus dans les quartiers populaires, car elle représente un outil d’éducation et de transmission. En effet, à travers le sport, les jeunes acquièrent de nombreuses valeurs comme la persévérance, la détermination, l’esprit d’équipe et la ponctualité. Ces valeurs sont primordiales car elles constituent un savoir-être nécessaire essentiel dans la vie quotidienne et citoyenne mais aussi dans le monde professionnel. D’autre part, le sport représente un levier d’intégration sociale en structurant le temps libre des jeunes et créant un nouveau lien de confiance entre le jeune et l’adulte. Ainsi, le sport représente un moyen important de lutter contre la délinquance mais surtout de pacifier les banlieues. Dans certains quartiers populaires où les bandes de jeunes s’affrontent, des associations les font s’entraîner tous ensemble et la communication renaît ce qui permet d’apaiser les tensions entres les différents groupes opposés. Finalement, les jeunes sportifs doivent adopter un mode de vie sain afin d’être plus performant lors des entraînements ou compétitions. La rigueur et la discipline du sport leur est donc très bénéfique sur le court et long terme d’un point de vue médical.

Les politiques de la ville et le sport

Dans les politiques de la ville visant à “revaloriser certains quartiers urbains dits sensibles et à réduire les inégalités sociales entre les territoires”, le sport possède une place de choix (Ministère des Sports). Les différents acteurs ont bien compris la fonction socialisatrice du sport et les politiques publiques soutiennent le développement des dispositifs sportifs dans les Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV) où 42% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté (CESE, 2018). Une partie de ces acteurs apportent un soutien financier aux associations locales qui gèrent des actions d’insertion et d’éducation par le sport. Par exemple, la Mission locale de Paris organise des tournois sportifs inter-quartiers accompagnés d’ateliers d’information. Le sport partage les mêmes objectifs que les politiques de la ville que sont l’inclusion sociale et la mixité sociale (Ville et Banlieue, 2011)

Le sport dans les banlieues

Cependant, en pratique, le sport dans les banlieues reste très inégalitaire. Le manque d’équipement et d’installations sont les principaux freins. Gasparini et Vieille-Marchiset expliquent que l’entraînement sportif dans les banlieues est plus faible et moins diversifié que sur le reste du territoire. Les QPV et les territoires ruraux sont les zones possédant le moins d’infrastructures sportives, 2 fois moins que sur le reste du territoire d’après un rapport de 2014 intitulé “Equipements sportifs et freins à la pratique sportive en Zus”. A cause de cela, il est plus rare de trouver des jeunes de banlieues faisant de l’équitation ou du water-polo par exemple. Les installations nécessaires ne sont pas disponibles au sein même des quartiers et les frais de déplacement pour s’y rendre sont trop élevés. Leur choix est donc limité aux installations disponibles: une grande majorité du temps ce sont les terrains de football et de basketball et les salles de boxe. Ce sont aussi les seules activités sportives où les jeunes de banlieues forment la majorité des licenciés (AFP, 2018). Les municipalités doivent donc répondre à la demande d’équipements sportifs de haute qualité à proximité de la population afin d’accroître l’offre sportive dans ces quartiers populaires.

Athlètes de haut niveau

Les quartiers populaires français sont reconnus pour être les viviers de grand(e)s athlètes de haut niveau. Thierry Henry, Kylian Mbappé, Teddy Riner ou même Gaël Monfils sont tous des champions français issus de quartiers populaires. Si on regarde l’Équipe de France de Football qui a ramené la 2e étoile, 14 des 22 joueurs étaient issus des banlieues françaises. Le sport est un moyen d’ascension et de mobilité sociale pour ces jeunes sportifs très talentueux. A travers les compétitions, nationales et internationales, les jeunes découvrent de nouvelles réalités hors de leurs quartiers. De plus à travers  leurs performances sportives, ils atteignent certaine gloire et reconnaissance nationale. Mais cette réussite reste rare. Peu de jeunes parviennent à devenir sportif de haut niveau et vivre entièrement de leur passion. D’après l’Ufolep, seulement 3% des jeunes en Centre de Formation deviennent footballeur professionnel dans toute la France.

Sources

Jean-Loup DELMAS (2018), Le sport en banlieue: “Sois bon avec le ballon ou crève”. Slate

 GASPARINI et VIEILLE-MARCHISET (2008), Le sport dans les quartiers. Pratiques sociales et politiques publiques.

 Ministère des Sports (2013), Sports dans les quartiers populaires

 Ville & Banlieue (2011), Le sport en banlieue

 AFP (2018), La grande “injustice” du sport en banlieue. Le Point

 Ilyes RAMDANI (2015), Les sportifs de haut niveau poussent dans le béton. Libération

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