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De la reconnaissance sportive à la petite mort

A l’approche de l’âge de la retraite, les champions et les sportifs de haut niveau sont obligés de penser à l’après-carrière et à tous les futurs bouleversements dans leur vie. La psychologie du sport a trouvé un terme pour cette étape de vie très appréhendée: la “petite mort”. La plupart des athlètes doivent prendre leur retraite avant leur 40 ans dû à l’intensité de leurs efforts physiques tout au long de leur carrière sportive et de leur vie. Cette retraite anticipée peut paraître idéale pour les personnes ordinaires mais les sportifs professionnels le vivent très différemment. Michel Platini a déclaré pour parler de ce moment “Je suis mort à 32 ans, le 17 mai 1987”, date importante qui correspond à son dernier match de football professionnel.  
 

Une gloire éphémère

Les athlètes de haut niveau, et plus précisément les champions, sont sous les projecteurs tout au long de leur carrière. Ils sont perçus par la population et leurs fans comme des héros voire même des “Dieux du Stade”. Ils sont couverts de gloire par les médias mais aussi par les hommes politiques. Mais à l’heure de la retraite, la majorité des champions retombent dans une forme d’anonymat et doivent se réhabituer à la vie ordinaire et ses obligations. Car la retraite n’est pas seulement synonyme de gloire passée mais c’est aussi une perte importante de revenus et la nécessité de se reconvertir. En effet, très peu de sportifs signent des contrats avec des rémunérations suffisantes leur permettant d’arrêter totalement toutes activités professionnelles. La grande majorité doit se reconvertir afin de continuer à gagner un revenu et vivre correctement. Cette transition peut s’avérer très brutale pour certains. 

Une reconversion plus ou moins difficile

A la fin de leur carrière sportive, les athlètes entament une deuxième période de leur existence et changent radicalement de modes de vie. Le défi de la reconversion est illustré par une grande diversité des profils. Certains vont refuser de disparaître des projecteurs et vont pousser les limites de leur corps en persévérant dans leur domaine sportif ou bien en faisant des come-back/apparitions à l’instar de Floyd Mayweather et ses ‘Money Fights’ à l’âge de 42 ans. D’autres se lancent de nouveaux défis dans le monde des affaires ou du monde politique. Mais certains vont même plus loin. Usain Bolt, l’homme le plus rapide au monde, à l’âge de la retraite a décidé de réaliser son rêve et de se lancer dans le monde du football professionnel. En 2018, il a rejoint un club en Australie pour une période d’essai, les Central Coast Mariners. 
Cependant, l’avenir est plus compliqué pour les athlètes qui n’acceptent pas la reconversion et tombe dans une mélancolie des beaux jours et de leur gloire passée. Certains tombent en dépression et se laisse aller à différentes formes d’addictions comme l’ancien rugbyman Marc Cécillon qui a notamment tué sa femme sous l’influence de l’alcool en 2004. Heureusement, ces histoires sombres restent relativement rares. Mais le plus grand défi de la reconversion réside dans le fait que de nombreux jeunes sportifs sont forcés de mettre de côté leurs études pour percer dans le monde du sport. Or, beaucoup vont se retrouver à 40 ans sans diplôme ni projet professionnel et dans l’obligation de trouver un emploi et une source de revenus.

L’importance du double projet

Les jeunes athlètes ont souvent beaucoup de mal à jongler entre les études et les entraînements sportifs. Beaucoup doivent s’entraîner quotidiennement et prendre part à de nombreuses compétitions qui peuvent tomber malencontreusement durant les mêmes périodes que les sessions d’examens. Dans la plupart des cas, les parents ou bien les entraîneurs leur demandent de choisir entre les études et leur carrière de sportifs. Cela résulte dans chacun des cas dans de la frustration et potentiellement du mal-être pour le jeune. Or, le double projet est essentiel pour les athlètes afin de vivre une reconversion plus en douceur mais surtout pour avoir un plan B en cas de blessure ou arrêt soudain du sport. En effet, une blessure peut arriver très facilement et mettre fin à une carrière sportive naissante. D’autre part, la probabilité qu’un athlète devienne sportif professionnel est faible. D’après une étude menée par NCAA, ESPN et WSJ en 2016, les probabilités pour un jeune footballeur américain de devenir professionnel est de 1 sur 4 200. Ces chiffres montrent bien la nécessité d’avoir un plan de secours étant donné le faible nombre de débouchés dans le monde sportif professionnel.

Sources

WYLLEMAN (2004), Athlètes de haut niveau, transition scolaire et rôle des parents

Jean-François DORTIER (2010), La fin d’un champion. Sciences Humaines

 

Pierre SAMIT (2014), Une vie après la “petite mort”. La Nouvelle République

 

Valéry TUAILLON (2019), La retraite, l’épreuve du sportif de haut niveau. L’Est Républicain


Bastien BILLARD (2016), Le jour où ils ont cessé d’être des sportifs de haut niveau. L’Obs

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